Quand elle peint, Corona est dans un dialogue muet avec elle-même et s’interroge sur cette question : « comment l’architecture et les couleurs du tableau font qu’un corps tient dans un espace ? »
La peinture de Corona s’origine dans son histoire ; dans l’acte de peindre se mêlent toujours une histoire qu’elle ne sait pas et une technique qu’elle élabore en cours de route. Dans l’après–coup se déploient et se font écho les signifiants des matières, des couleurs, des procédés et techniques employés et du titre qui surgit. On observe dans cet ensemble, se répondant dans les toiles, ses amarres flottantes, ses personnages en bascule, la douceur des étoffes vibrantes de fleurs, le chatoiement sensuel des couleurs, la poésie déployée pour tenir à distance le réel déchainé.
Toutes les toiles renvoient à un ailleurs radical ; les personnages viennent de loin, ont traversé des frontières, se racontent des histoires, solitaires ou à deux pour apprivoiser le monde. Sauvés par un détail : la touche jaune Proustienne de « il arrive que », le souvenir de nymphéas de « hommage à Claude Monet », le rose de la chaussure de « Al Sur ».
Quand elle peint, Corona est dans un dialogue muet avec elle-même et s’interroge sur cette question : « comment l’architecture et les couleurs du tableau font qu’un corps tient dans un espace ? » C’est la représentation de la transformation de son corps au moment où elle crée. Ensuite le titre « tombe » du tableau comme un signifiant qu’elle déploie pour elle, équivoquant entre ses deux langues, la maternelle et celle du pays d’adoption.
Du plus profond de son intimité et respectueuse de celle de ses personnages, Corona peint. Les tableaux nous regardent.
« J’ai choisi les couleurs de mes lieux et la parole me fleurit »
FIXION (X, lettre qui indexe l’inconnu et aussi l’existence)
Stéphane Magnan (extrait)