Adriana Arenas utilise dans son travail les codes et l’iconographie des genres traditionnels et de la culture populaire latino-américaine. Le résultat est un espace visuel et auditif qui invite le spectateur à contempler d'autres modes de conscience, à rentrer dans des histoires individuelles et collectives et dans la poésie d’endroits peu familiers.
Adriana Arenas est une jeune vidéaste d’origine colombienne, vivant à New York, dont le travail a été découvert par les New-Yorkais en 2000 lors de sa présentation fort remarquée à PS1, dans l’exposition d’ouverture Greater New York. Elle enchaîne depuis lors des expositions dans différents centres d’art américains. Vous avez pu découvrir dans notre espace parisien une première installation dans le cadre de l’échange Paris-Brooklyn avec la galerie Roebling-Hall, l’année dernière. Désirant donner suite à l’appréciation du public, nous avons décidé de poursuivre sa programmation dès cette année, en vous proposant de découvrir l’installation créée pour PS1 : Sweet Illusion.
Adriana Arenas utilise dans son travail les codes et l’iconographie des genres traditionnels et de la culture populaire latino-américaine. Le résultat est un espace visuel et auditif qui invite le spectateur à contempler d'autres modes de conscience, à rentrer dans des histoires individuelles et collectives et dans la poésie d’endroits peu familiers. Ainsi dans ses installations, constituées de plusieurs moniteurs, Adriana Arenas juxtapose des chansons sentimentales et populaires de son pays natal -dont les textes sont parallèlement retranscrits sur de petits écrans vidéo en couleurs acidulées- et des projections sur grands écrans évoquant les thèmes de l’amour, des relations inter-raciales et du colonialisme. Son travail est emprunt d’un romantisme suranné, sorte d’hymne à l’innocence perdue, une machine imaginaire, poétique et alchimique, inventée afin de retrouver et de ressusciter les émotions perdues.
Sweet Illusion, présentée au rez-de-chaussée de la galerie, en est la parfaite illustration. Cette installation est composée d’une double projection murale représentant l’image, en miroir, d’une machine à barbe à papa géante que l’artiste a filmée dans un vaste paysage colombien. Les mouvements réguliers et machinaux, lancinants, qu’appuie et prolonge le dédoublement de l’image, focalisent le regard -et très rapidement l’esprit- au centre de cette matière cotonneuse. Le moelleux de l’image invite à se plonger douillettement dans nos propres souvenirs « rose bonbon ». Authentique mise en paysage ludique d’une machine allégorique, l’image provoque irrésistiblement la réminiscence de notre univers enfantin, tandis que les mélodies de trois chansons d’amour, en langue espagnole, chaleureuses et rythmées, finissent de nous renvoyer à un passé impalpable et sucré.
Inévitablement, ce travail nous renvoie au kitch, tant par l’atmosphère qui s’en dégage que par son dispositif installatoire. Ainsi les paroles des chansons sont simultanément traduites en anglais et retranscrites sur un moniteur dans un caractère romantique dans des couleurs saturées qui renvoient à l’univers des karaoké. Mais la distanciation évidente entre la chanson en espagnol et sa retranscription anglaise met le spectateur face à son impossibilité de s’introduire dans ce paradis perdu.