(…) J'ai le sentiment qu'en général, on ne sait pas très bien ce que l'on fait. D'où l'intérêt d'ailleurs (en ce qui me concerne) de voir cette exposition, en espérant qu'elle rendra les choses plus claires. Elle se composera donc de toiles récentes (fin du siècle dernier, début de celui-ci) et ces toiles (que je me réjouis de revoir), même si elles sont un peu là parce qu’elles n'ont pas déjà été vendues, je suppose, participent d'une pratique qui est celle de la peinture que l'on peut faire aujourd'hui. Je dirais que, dans mon cas, cette pratique est devenue un peu intime et personnelle et au fond, indéfendable, d'où la difficulté d'en parler. En même temps cette pratique est publique, donc sociale, économique, critique et politique. Ce que j'espère, c'est que l'exposition, c'est à dire, l'accrochage de ces toiles et leur visualisation, permettra de leur donner du sens (voire de l'importance). S'il a fallu les faire, il n'y a bien sur aucune nécessité à ce que ces toiles soient ce qu'elles sont. La question c'est donc ce qu'elles disent, comment elles le disent et pourquoi elles le disent et je crois que Catherine Perret dit bien les choses, lorsqu'en parlant de son exposition à la Villa Tamaris elle parle d'une modernité desintégrée, d'un lieu ordinaire donc et de "l'insensé à quoi nous sommes livrés". Jean Baudrillard dit qu'il y a un sort à faire à l'art parce qu'il prétend échapper à la banalité, mais ailleurs il se plaint de cette banalité et semble regretter les illusions qu'il dénonçait ? Pour en revenir aux toiles elles-mêmes, qu'est-ce qui fait qu'un panneau recouvert de couleurs (ou d'une couleur) soit une peinture et inversement qu'est-ce qui fait qu'une peinture soit un panneau recouvert de couleur(s) ? J'ai aussi un peu le sentiment, en faisant de nouvelles toiles, de corriger ou de préciser ce que j'ai pu faire auparavant. Voila, ce sera tout pour aujourd'hui. Meilleurs voeux, Olivier
Extrait d’un e- mail « conversation » du 7 décembre 2005