HANS OP DE BEECK - Drawings

4 Avril - 13 Mai 2006 17 rue des Filles du Calvaire 75003 Paris

Evence Verdier dans l’article qu’elle consacre à l’artiste, « Hans Op de Beeck, le crépuscule des illusions », parut dans Art Press en septembre 2005, décrit en qualifiant de métaphore du dessin l’exposition à la galerie Les filles du Calvaire à Paris en septembre 2004 :(...) La projection vidéo Perte (2004) montrait, entre autres images, des vagues dont la progression conduisait au centre de l’espace d’exposition. Là se trouvait un bassin semblable à l’étang aux nénuphars dont il était aussi question dans le film. Cette sculpture paraissait avoir échoué sur le rivage de la vidéo, et l’exposition noir et blanc ressemblait à un dessin en trois dimensions où le spectateur était chargé d’apporter la couleur. (...) .

La suite de l’exposition, au premier étage, continuait sur le même principe, le spectateur étant accueilli par une vidéo composée d’une animation de photographies de jardins retravaillées numériquement comme des aquarelles noir et blanc et d’une bande son qui résonnait en écho avec celle de l’étage inférieur. Au fond, une immense photographie de la vague arrêtait le visiteur et le renvoyait à la vidéo du bas. Sur le côté, soulignés par un faible éclairage flottaient de grands dessins, tels des traces mémorielles, instants symboliques de l’ensemble.

Plus on pénètre l’univers d’Hans Op de Beeck, plus l’on comprend que le dessin est au cœur de son travail, car c’est sans doute l’expression idoine pour mettre à jour son univers artistique, la plupart des œuvres étant des situations imaginaires. Eléments premiers, ils font office de croquis qu’on aperçoit au détour de textes critiques du catalogue de 20011 . Dans les vidéos, ils sont parfois la matière première et sont montés en animation Gardenning I (2001) et Places –(Gardening II) (2004) , My Brothers Gardens (2003), ils inspirent des oeuvres apparentées telles les photographies aquarellées numériquement de Loss, (2004), ils ne sont pas non plus éloignés des photographies noir et blanc et très « graphites » comme celle de la vague de Perte dont il existe d’ailleurs une version dessin, ils prennent une troisième dimension dans les maquettes et se retrouvent également dans les plis des sculptures en polyester ou dans le tracé des résines des nénuphars du bassin de Perte. Bref, le dessin est partout, incontournable, et pourtant silencieux, tel un gardien du secret artistique, de la pensée de l’œuvre.

Lors d’une interview, avec des journalistes d’art contemporain, quelque peu décontenancés, l’artiste évoquait Vermeer et l’importance de l’immersion dans les détails de ses tableaux, dans la subtilité de la lumière, et dans cet instant miraculeux a jamais figé par le geste du peintre et, qui, pourtant reste si ouvert à la navigation de l’esprit... Est-ce par ou grâce à cette technique ancestrale que cet artiste flamand veut à tout prix arrêter le regard et la pensée ? Il est en tout cas évident qu’elle marque par sa facture quasi classique une volonté de continuité historique dans la pratique de l’artiste alors que, dans le même temps, l’usage qu’il en fait lui redonne une valeur ultra contemporaine. Mais surtout, elle est la clef de l’univers distancié de cet homme du Nord qui nous renvoie sans cesse à notre moi intérieur, parfois avec une once de mélancolie mais toujours avec une pointe d’ironie décalée.

Re-citons pour conclure, l’article d’Evence Verdier: (...) comme dans chacune de ses propositions, l’expérience du temps suspendu n’est pas une échappatoire, mais l’occasion « d’une façon profonde de sentir », qui favorise le travail de conceptualisation auquel est invité le spectateur. A l’aune de la vidéo Places (Gardening II) une animation digitale de dessins de l’artiste où le paysage se transforme constamment par une succession de fondus enchaînés, il s’agit moins de montrer des images que de représenter le temps du passage et la possibilité de reformuler les choses. Qu’est-ce qui mieux que le dessin ou la maquette ou le crépuscule, pourrait évoquer cette recherche de l’instabilité du sens qui caractérise l’œuvre d’Hans op de Beeck ?