On trouve dans tous les pays européens, des galeries, agents de transmission très actifs qui, par leur travail de défrichage, permettent à de nouveaux talents d’être diffusés sur la scène internationale. Dans ce contexte, il n’est pas très étonnant d’avoir pu découvrir le travail d’Ellen Kooi chez Torch Gallery, à Amsterdam, galerie dont le directeur Adrian Torch est reconnu pour être Le découvreur de talents de plusieurs générations de photographes néerlandais.
L’imagerie très particulière d’Ellen Kooi a plusieurs origines. Tout d’abord, sa prédilection pour la mise en scène est sans doute issue du théâtre, milieu dans lequel elle a débuté son travail de photographe. Elle s’en inspire à l’évidence dans ses compositions et préfigure d’ailleurs celles-ci par des croquis, et, tel un metteur en scène, utilise ses modèles comme des acteurs. Le spectateur est souvent confronté à des personnages dans des positions/actions incongrues qu’elle implante dans un milieu urbain ou dans des paysages verdoyants, telles six femmes pêchant en arc de cercle sur un quai du bout du monde ou bien une femme appelant un interlocuteur improbable devant une bouche d’égout.
Par ces mises en situations quelques peu extravagantes, on peut également rattacher son travail à l’univers surréaliste. Ce penchant pour l’absurde et l’humour fait écho aux travaux de nombreux artistes hollandais tels ceux, par exemple, de Teun Hocks, qui par ses propres mises en scène, se situe en droite ligne de ce courant. On relève parallèlement, dans son œuvre, d’autres caractéristiques de la photographie néerlandaise contemporaine.