Matt Wilson, globe-trotter anglo-saxon, produit d’ineffables images des différents pays qu’il parcourt selon humeur et rencontres.
A l’instar des carnets de voyages de Bruce Chatwin dont les écrits ont livré une vision incroyablement sensible et humaniste d’une Australie aujourd’hui à jamais perdue, l’errance photographique de Matt Wilson, autre globe-trotter anglo-saxon, produit d’ineffables images des différents pays qu’il parcourt selon humeur et rencontres. Peu nombreuses, mais si particulières, ces photographies modestes, presque anodines par leur sujet, sont données à voir, à l’encontre des tendances de la photographie contemporaine, dans de si petites dimensions qu’elles obligent à l’arrêt pour en scruter les détails. Elles semblent souvent quelque peu endommagées, comme corrodées, du fait des pellicules hors d’usage que l’artiste utilise. Le résultat visuel est opalescent : le grain très présent et la lumière décadente provoquent des zones d’ombres intimistes dans les scènes nocturnes ou offrent un rendu charbonneux et embrumé dans les paysages diurnes. Cette technique de prise de vue « aléatoire » intégrant l’accidentel du film à la vision photographique fonde le singulier langage de Matt Wilson. Cela finit par troubler la vue et provoquer une bascule poétique. Au fur et à mesure, cette trame visuelle structure l’ensemble en une écriture incidemment narrative, révélant des contrées fictionnelles à la limite d’un rêve éveillé.