« … oui et toutes les drôles de petites ruelles les maisons roses bleues jaunes et les roseraies les jasmins les géraniums les cactus et Gibraltar quand j’étais jeune une Fleur de la montagne oui quand j’ai mis la rose dans mes cheveux comme le faisaient les Andalouses ou devrais-je en mettre une rouge oui et comment il m’a embrassée sous le mur des Maures et j’ai pensé bon autant lui qu’un autre et puis j’ai demandé avec mes yeux qu’il me demande encore oui et puis il m’a demandé si je voulais oui de dire oui ma fleur de la montagne et d’abord je l’ai entouré de mes bras oui et je l’ai attiré tout contre moi comme ça il pouvait sentir tout mes seins mon odeur oui et son coeur battait comme un fou et oui j’ai dit oui je veux Oui. »
Ulysse, James Joyce
Olivier Mosset fit connaître Paz Corona en 2011 lorsqu’il l’invita à exposer à ses côtés à la Galerie des Filles du Calvaire. Paz Corona, alors psychanalyste, n’avait montré son travail de peintre qu’à des proches. Cette exposition mettait en relation de grands visages surgissant verticalement et de grands monochromes blancs et horizontaux. C’était là l’occasion d’un dialogue de peinture, mais peut-être aussi la révélation d’une écriture à plusieurs voix. Paz Corona me raconte que ces visages avaient alors été portés par un rêve : dans un songe nocturne, son propre visage lui était apparu. La peinture devenait pour elle le moyen de tenter d’attraper ce mirage. Deux ans plus tard, Paz Corona revient seule sur les murs de la galerie, Joyce lui servant de fil d’Ariane, à la recherche d’une épiphanie amoureuse. Reconstitution d’une discussion avec l’artiste, lors d’une chaude journée d’été.