"Erwan Morère privilégie un rendu photographique noir et blanc très dense"
A rebours de la pratique enseignée aux jeunes photographes contemporains, Erwan Morère privilégie un rendu photographique noir et blanc très dense et favorise une opacité relative de la vision. Il n’hésite pas, même dans certains cas, à jouer du flou. Ces images sont à peine lisibles, le grain est intense, les contrastes poussés à leur maximum. Pourtant, il ne semble pas qu’Erwan Morère retouche ses images, au-delà de certains choix de cadrage, d’une impression sur papier baryté au rendu contrasté ou sur papier mat allié à un encrage saturé dans les noirs. Le principal est réalisé à la prise de vue car c’est en réalité son contexte et les sujets même qui délivrent à l’œil ces impressions si particulières qu’elles parviennent à faire douter l’analyse perceptive. Pour certaines images, on atteint dans le piqué un tel point de confusion que l’on ne sait plus se décider entre dessin ou parcelle de réalité. Les surfaces sont altérées comme si les climats extrêmes des pays qu’il traverse avaient endommagé la pellicule. A l’origine de son langage, on peut ressentir l’influence originelle d’un Strömholm ou d’un Petersen tant par l’usage d’un noir et blanc contrasté et le goût du grain que par des cadrages à contrepied.