15.12.2023 — 10.03.2024
Que partagent une photo d'un cintre, une paire de menottes attachées à un cadre de lit, et un portrait flou d'une femme ?Dans le contexte de l'avortement, ces images évoquent immédiatement de nombreuses associations et sont également extrêmement violentes.
Dans des circonstances "naturelles", une femme aurait normalement environ quinze grossesses au cours de ses années de procréation, ce qui entraînerait jusqu'à dix naissances. Seuls sept de ces enfants pourraient espérer survivre au-delà de l'enfance. Pendant des siècles, les gens ont cherché des moyens de retarder ou d'interrompre une grossesse. Aujourd'hui, il existe certainement des méthodes d'avortement plus sûres et efficaces, mais les femmes du monde entier sont toujours contraintes de dépendre de méthodes anciennes, illégales ou risquées.
"Si c'est un viol légitime, le corps féminin a des moyens de tenter de bloquer tout cela." Cette déclaration d'un homme politique américain en 2012 montre à quel point l'autodétermination de son propre corps a été fondamentalement remise en question il y a seulement quelques années et continue de l'être dans la plupart des pays du monde. Par exemple, en 2016, pour la première fois dans l'histoire, le pape François a permis aux femmes catholiques ayant subi des avortements de demander le pardon lors de la confession. Ce qui peut sembler être un progrès perpétue néanmoins des formes de stigmatisation et de culpabilité, illustrant le dilemme mondial fondamental.
Des millions de femmes enceintes de tous pays et religions sont empêchées par des lois et des contraintes sociales d'avoir accès à la technologie de l'avortement. Elles sont obligées de mener leur grossesse à terme contre leur volonté. Cela concerne les mineures, les victimes de viol, et dans de nombreux cas, le fœtus est malade ou la grossesse présente un risque pour la santé. Dans les pays où l'avortement est illégal, les femmes enceintes sont souvent criminalisées et poursuivies en justice. Par exemple, l'avortement est interdit au Salvador, et les contrevenantes sont punies de prison. Les femmes reconnues coupables peuvent également être accusées de meurtre, ce qui entraîne des peines de prison considérablement plus longues, de trente à cinquante ans. Cet exemple reflète l'attitude stricte et inflexible dans de nombreux pays sur la question de l'avortement.
"A History of Misogyny" de Laia Abril (née en 1986) est un projet de recherche visuelle à long terme qui travaille avec des comparaisons historiques et contemporaines. Dans le premier chapitre, "On Abortion" (2016), Abril documente et conceptualise les dangers et les préjudices qui surviennent lorsque les personnes en âge de procréer n'ont pas accès à des avortements légaux et sécurisés, gratuits. En utilisant ses méthodes de recherche méticuleuses, Abril explore le passé pour examiner l'érosion longue et continue des droits reproductifs des personnes en âge de procréer jusqu'à nos jours.
Sa collection d'images, de matériel audio et de textes issus de ses recherches, qui ont commencé à Vienne au Musée de la contraception et de l'avortement, tisse une toile de questions éthiques et morales, révélant une série de causes sociales ainsi que des stigmates et des tabous liés à l'avortement qui sont restés longtemps invisibles.
FOTO ARSENAL WIEN présente environ 120 photographies, vidéos et installations de l'artiste espagnole dans sa première exposition individuelle en Autriche et dans un pays germanophone.
Avec le soutien du Musée de la contraception et de l'avortement : https://www.muvs.org/en/.
