Il y a une qualité méditative et apaisante à entrevoir dans ces routines catholiques strictes, en particulier tôt le matin et tard le soir. Prenez la sœur qui produit un grand vacarme chaque matin à la même heure en poussant un chariot rempli d'accessoires, qu'elle dispose ensuite à l'autel pour la messe dans un ordre fixe. Le moment où elle déplie un drap blanc et le lisse systématiquement, cela me remplit de sérénité à chaque fois.
Et c'est une question de temps avant que vous ne commenciez à repérer les pèlerins qui reviennent. Comme la femme au sac à dos rose et violet, qui salue chaque jour la webcam, ou le porteur de béret qui tente de capter l'énergie curative de diverses manières. Cela a un effet merveilleux : si vous regardez cela tous les jours, vous avez une idée générale de ce qui va se passer. Cette prévisibilité vous donne un merveilleux sentiment de puissance. Lorsque vous regardez les visiteurs qui prient, touchent la paroi rocheuse, se tamponnent le corps et le visage avec de l'eau ou en remplissent des bouteilles. Quelle raison ont-ils d'être là ? Pour quoi prient-ils ? En quoi croient-ils ? Pourquoi ont-ils besoin de cette eau bénite ? Quelle est cette force invisible qui leur apporte un tel réconfort ? Je trouve cela touchant. Je trouve cela réconfortant. Cela m'émerveille et me trouble.
Qu'elle est l'importance de croire en quelque chose d'incertain et d'indémontrable ? À une époque où beaucoup remettent en question les vérités journalistiques, la démocratie et l'avenir, et cherchent un soutien dans le rationalisme des chiffres froids et durs, je dirais que trouver la beauté et la paix dans l'incompréhension, l'ignorance, l'inimaginable et l'imprévisible est l'une des choses dont le monde a le plus besoin en ce moment.
Pour la biennale h3h, je réaliserai une installation vidéo à partir d'une sélection de mes archives de Lourdes TV, décrivant les actions pratiques quotidiennes de préparation et d'entretien, entrecoupées de moments de contemplation, de méditation et de rituels personnels".
